Introduction
1. Comprendre ce qu’on appelle “le risque”
Avant de parler de stratégie, de diversification ou d’allocation, il y a une question de base :
de quoi on parle exactement quand on parle de “risque” ?
Dans le langage courant, on confond souvent “risque” avec “ça bouge beaucoup”.
Un actif qui fait +10 % / –12 % / +8 % en quelques jours est spontanément étiqueté “risqué”, alors qu’un autre qui bouge peu serait “sûr”.
En réalité, c’est un peu plus subtil que ça.
Le risque, ce n’est pas seulement la vitesse à laquelle le graphique monte ou descend, c’est tout ce qui peut faire dérailler notre scénario, de façon temporaire… ou définitive.
1.1. Bien plus que des courbes qui montent et qui descendent
Si on simplifie, on peut dire que le risque, c’est tout ce qui peut mal tourner entre le moment où on investit et le moment où on veut récupérer notre argent.
Ça peut être très visible, comme un krach ou une énorme chute de prix.
Mais ça peut aussi être plus insidieux :
- Le marché se retourne brutalement, et la valeur de notre portefeuille fond.
- On veut vendre, mais il n’y a presque pas d’acheteurs : on est bloqué (risque de liquidité).
- La plateforme sur laquelle on est exposé fait faillite ou se fait hacker (risque de contrepartie).
- Une nouvelle loi tombe, change complètement les règles du jeu, ou rend l’actif beaucoup moins intéressant (risque réglementaire).
- On a mis trop d’argent sur une seule idée, un seul secteur, un seul narratif (risque de concentration).
- On a utilisé du levier “pour booster un peu le rendement”… et la baisse est amplifiée par dix (risque de levier).
- Les prix augmentent partout dans la vie de tous les jours, et même si le portefeuille ne baisse pas, son pouvoir d’achat réel s’érode (risque d’inflation).
Dit autrement :
Le risque, ce n’est pas juste “ça bouge”, c’est “est-ce qu’on peut encore reprendre la main si ça tourne mal ?”.
La gestion du risque, c’est donc d’abord mettre des mots clairs sur les risques qu’on accepte de prendre, et ceux qu’on refuse.
1.2. Pourquoi les grosses pertes font tellement de dégâts
2. Tolérance au risque vs capacité au risque
Avant de parler d’allocation ou de pyramide patrimoniale, il y a un truc très simple à clarifier :
à quel point tu peux encaisser les secousses ?
Et là, il faut distinguer deux choses qu’on mélange tout le temps :
- ce que tu supportes dans ta tête,
- et ce que tu peux vraiment te permettre dans ta vie.
C’est la différence entre tolérance au risque et capacité au risque. Tant que ces deux-là ne sont pas au clair, le reste du discours sur la “bonne stratégie” flotte un peu dans le vide.
2.1. Ta tolérance au risque : comment tu vis les pertes
La tolérance au risque, c’est le côté humain, émotionnel.
En gros :
- Comment tu réagis quand ton portefeuille fait –10 %, –20 % ou plus ?
- Est-ce que tu actualises ton compte toutes les 10 minutes ?
- Est-ce que tu as du mal à dormir quand les marchés corrigent ?
- Est-ce que tu paniques facilement dès que ça baisse un peu fort ?
- Ou au contraire, est-ce que tu restes plutôt calme, même dans des phases un peu violentes ?
Tu peux croire que “ça va, je gère”, mais la seule vraie mesure, c’est ton comportement quand ça tourne mal pour de vrai, pas en théorie.
La tolérance au risque, ce n’est pas un badge de courage.
Ce n’est pas “mieux” d’être très tolérant, ni “moins bien” d’être prudent.
C’est juste : où est ton seuil de douleur avant que tu commences à faire des bêtises ?
Parce que c’est là que se produisent les erreurs les plus chères :
- vendre au plus bas,
- couper tout juste avant le rebond,
- ou, à l’inverse, refuser de couper une position perdante “par fierté”.
2.2. Ta capacité au risque : ce que ta situation te permet vraiment
La capacité au risque, c’est la partie froide et objective.
Même si tu te sens à l’aise avec la volatilité, il faut regarder noir sur blanc :
- Combien tu gagnes.
- Combien tu dépenses.
- Combien tu as d’épargne de sécurité.
- À quel point ton job est stable.
- Si tu as des personnes à charge, des crédits, des engagements.
- Dans combien de temps tu auras besoin d’une partie de cet argent (achat, projet, retraite, etc.).
En clair : si tout se passe mal sur la partie risquée de ton patrimoine, est-ce que ta vie continue de tourner normalement ?
Exemples simples :
- Si tu as un bon matelas de sécurité, un revenu stable, peu de charges fixes et un horizon long terme, ta capacité au risque est plutôt élevée.
- Si tu es en début de carrière, peu d’épargne, beaucoup de charges ou de dettes, ta capacité au risque est en réalité plus faible… même si tu te sens prêt à tout tenter.
💡 C’est important de ne pas se raconter d’histoires !!
→ on peut être psychologiquement à l’aise avec le risque, mais financièrement peu équipé pour le prendre.
2.3. Le problème quand les deux ne sont pas alignés
Là où ça déraille souvent, c’est quand tolérance et capacité au risque ne racontent pas la même histoire.
Quelques cas typiques :
- Capacité élevée / tolérance faible
Tu pourrais te permettre plus de volatilité, mais le moindre –10 % te fait paniquer.Résultat : tu sors trop tôt, tu te stresses, tu n’arrives pas à tenir tes positions dans le temps. - Tolérance élevée / capacité faible
Tu es “chaud”, tu n’as pas peur de voir des –40 % à l’écran… mais en réalité, tu as peu d’épargne, des projets proches, ou un revenu fragile.
Si le scénario tourne mal, ce n’est plus juste une ligne rouge sur un graphique, c’est ta vie réelle qui est impactée.
L’objectif d’une bonne gestion du risque, ce n’est pas d’être “brave” ou “conservateur” par principe.
C’est d’arriver à une configuration où :
- ton profil psychologique est respecté (tu peux tenir ta stratégie sans exploser mentalement),
- ta réalité financière est protégée (un mauvais cycle ne remet pas en cause tes projets de base).
À partir du moment où tu as mis ça au clair, tout le reste devient plus simple :
tu peux décider de la place de la crypto dans ton patrimoine, de la taille de tes positions, de ton niveau d’agressivité… sans te mentir sur le risque que tu prends vraiment.
3. La pyramide patrimoniale : mettre de l’ordre dans ton argent
3.1. La base : ce qui ne doit pas lâcher
- épargne de sécurité,
- cash ou équivalents (livrets, fonds monétaires…),
- placements très prudents,
- éventuellement un immobilier solide et peu spéculatif,
- des fonds / ETF larges, très diversifiés, si ton horizon est long.
3.2. Le milieu : faire grossir le patrimoine sans faire all-in
- actions de bonnes entreprises (plus cycliques ou plus dynamiques),
- immobilier un peu plus offensif,
- secteurs ou thématiques avec du potentiel, mais encore lisibles (tech, santé, énergie, etc.).
3.3. Le sommet : le moteur spéculatif
- crypto-monnaies,
- small caps très volatiles,
- produits dérivés, options, levier,
- paris très concentrés sur un seul actif, un seul narratif.
- Cette couche reste limitée en proportion du patrimoine global.
- On assume dès le départ que ce capital peut beaucoup bouger, dans un sens comme dans l’autre.
En résumé, la pyramide patrimoniale, c’est juste une façon claire de dire :
4. La place de la crypto dans ta pyramide patrimoniale
4.1. Pourquoi la crypto ne peut pas être la base
- peut perdre 60–80 % en un cycle sans que ce soit “anormal”,
- dépend énormément du sentiment de marché et de la liquidité,
- peut être bloquée sur une plateforme, un protocole, un exchange,
- peut être impactée du jour au lendemain par une régulation, un bug, un hack.
- stabilité → non ❌
- visibilité à court terme → non ❌
- protection contre les gros drawdowns → non ❌
4.2. Penser la crypto comme une couche, pas comme une identité
4.3. Comment décider de la place que la crypto prend
- Si la partie crypto de mon patrimoine faisait –80 % demain, est-ce que ma vie serait toujours fonctionnelle ?
- Est-ce que je peux encore financer mes projets importants (logement, famille, business) si la crypto se plante pour plusieurs années ?
- Est-ce que je suis obligé de vendre au pire moment pour vivre… ou est-ce que je peux laisser passer un cycle ?
- même au sein de la crypto, tout n’a pas le même niveau de risque :
- des actifs comme BTC / ETH peuvent être dans le “haut de pyramide, mais encore relativement structurés”,
- alors que les microcaps, memecoins, farming exotiques, NFT ultra spéculatifs sont tout en haut du sommet, dans la zone très, très chaude.
4.4. Ce qui se passe après un bullrun
Si tu ne touches à rien, tu te retrouves mécaniquement sur-exposé à la crypto, avec une pyramide patrimoniale beaucoup plus bancale que celle que tu avais imaginée au départ, alors même que tu as l’impression de “simplement laisser courir les gains”.
- soit tu décides de rééquilibrer (vendre une partie, renforcer ta base, financer des projets concrets),
- soit tu laisses faire… et tu acceptes que, si le cycle se retourne, tu reperdes une grande partie du terrain gagné.
5. Diversification et corrélation : la vraie
5.1. Diversifier, ce n’est pas juste ajouter des lignes
5.2. La corrélation : comment tes actifs bougent ensemble
5.3. La limite de la diversification : on ne supprime pas le risque
5.4. Appliqué à la crypto : ce qui ressemble à de la diversification et ne l’est pas
- une base crypto plus “structurée” (du BTC, de l’ETH, quelques grandes capitalisations avec un historique solide),
- une couche d’altcoins plus thématiques ou plus agressifs,
- et une petite partie seulement pour les paris vraiment explosifs : microcaps, nouveaux narratifs, memecoins, etc.
5.5. Diversifier sans se perdre
- D’un côté, trop peu de positions, et la moindre erreur sur un actif clé fait très mal.
- De l’autre, trop de positions, et plus personne ne sait vraiment ce qu’il détient, ni pourquoi.
6. Outils concrets pour gérer ton risque au quotidien
6.1. La taille de position : combien tu mets en jeu sur chaque idée
6.2. Stop-loss et invalidation : savoir où tu lâches l’affaire
- soit d’un point de vue technique (sous un support majeur, une zone clé, un niveau qui, s’il est cassé, change clairement la structure du marché),
- soit d’un point de vue plus “scénario” : tu te dis simplement “si le prix passe sous ce seuil, le scénario sur lequel je m’appuyais n’est plus valable”.
6.3. Le rééquilibrage : remettre ton portefeuille dans l’axe
- de sécuriser une partie de ce que le marché t’a donné,
- d’éviter de te retrouver sur-exposé à un seul actif ou une seule classe d’actifs,
- de garder ton risque global sous contrôle.
6.4. Gérer ton exposition : quand être “risk on” et quand être “risk off”
6.5. Exceefy : passer de la théorie à un vrai plan sur ton portefeuille
6.6. En résumé : cadrer chaque décision avant qu’elle ne te dépasse
7. Se préparer à avoir tort : scénarios et plan de jeu
7.1. Sortir du “scénario unique”
- un scénario où ça se passe bien (ou très bien),
- un scénario où il ne se passe pas grand-chose,
- un scénario où ça se passe franchement mal.
7.2. Le scénario “ça se passe bien” : cadrer l’avidité
- à partir de quel niveau tu sécurises ton capital de départ,
- à quel moment tu commences à alléger, même si tu as l’impression que “ça peut encore partir beaucoup plus haut”,
- ce que tu fais si le prix dépasse largement tes objectifs initiaux (tu continues de vendre par paliers, tu gardes un reliquat long terme, etc.).
7.3. Le scénario “il ne se passe rien” : gérer la stagnation
- Combien de temps tu acceptes de laisser une position vivoter sans direction claire ?
- Est-ce que tu as une règle du type “si au bout de X semaines le scénario ne démarre pas, je réduis / je sors / je réalloue ailleurs” ?
- Est-ce que tu as un plan de renforcement progressif sur des zones précises… ou est-ce que tu préfères concentrer ton énergie sur d’autres actifs plus dynamiques ?
7.4. Le scénario “ça se passe mal” : limiter les dégâts, pas sauver l’ego
- soit tu avais un niveau d’invalidation clair, tu sais où tu sors, c’est dur mais la décision est déjà prise ;
- soit tu n’avais rien décidé, et tu entres dans la zone grise : “je vais laisser un peu de marge”, “ça va sûrement rebondir”, “ça serait quand même dommage de couper maintenant”.
7.5. Écrire ton plan quelque part, noir sur blanc
- pourquoi tu entres,
- ce que tu attends dans le meilleur des cas,
- ce que tu acceptes comme scénario moyen,
- ce qui, pour toi, signifiera “j’ai eu tort, je sors”,
- ça change radicalement ta relation au marché. Tu arrêtes d’improviser sous pression.
7.6. Le vrai luxe : ne plus être surpris par ses propres décisions
Conclusion : durer assez longtemps pour que le marché finisse par te récompenser


