Nov 28 • Zphyr

Guide Pratique : la gestion du risque

Introduction

On parle beaucoup de rendement, de “x5”, de prochains cycles haussiers.
On parle beaucoup moins d’un sujet pourtant central : comment tu fais pour ne pas tout perdre en route.

Ce texte parle de ça, de la façon dont on structure un patrimoine, dont on encaisse les coups, dont on reste en vie sur les marchés assez longtemps pour que le temps et les cycles jouent enfin en notre faveur.

On va parler de risque, de pyramide patrimoniale, de place de la crypto, de vraie diversification, d’outils concrets et de plans de sortie.
En gros : tout ce qu’on aurait aimé avoir en tête avant de se prendre ses premières grosses claques.

1. Comprendre ce qu’on appelle “le risque”

Avant de parler de stratégie, de diversification ou d’allocation, il y a une question de base :

de quoi on parle exactement quand on parle de “risque” ?


Dans le langage courant, on confond souvent “risque” avec “ça bouge beaucoup”.

Un actif qui fait +10 % / –12 % / +8 % en quelques jours est spontanément étiqueté “risqué”, alors qu’un autre qui bouge peu serait “sûr”.


En réalité, c’est un peu plus subtil que ça.

Le risque, ce n’est pas seulement la vitesse à laquelle le graphique monte ou descend, c’est tout ce qui peut faire dérailler notre scénario, de façon temporaire… ou définitive.

1.1. Bien plus que des courbes qui montent et qui descendent

Si on simplifie, on peut dire que le risque, c’est tout ce qui peut mal tourner entre le moment où on investit et le moment où on veut récupérer notre argent.


Ça peut être très visible, comme un krach ou une énorme chute de prix.

Mais ça peut aussi être plus insidieux :

  • Le marché se retourne brutalement, et la valeur de notre portefeuille fond.
  • On veut vendre, mais il n’y a presque pas d’acheteurs : on est bloqué (risque de liquidité).
  • La plateforme sur laquelle on est exposé fait faillite ou se fait hacker (risque de contrepartie).
  • Une nouvelle loi tombe, change complètement les règles du jeu, ou rend l’actif beaucoup moins intéressant (risque réglementaire).
  • On a mis trop d’argent sur une seule idée, un seul secteur, un seul narratif (risque de concentration).
  • On a utilisé du levier “pour booster un peu le rendement”… et la baisse est amplifiée par dix (risque de levier).
  • Les prix augmentent partout dans la vie de tous les jours, et même si le portefeuille ne baisse pas, son pouvoir d’achat réel s’érode (risque d’inflation).


Dit autrement :

Le risque, ce n’est pas juste “ça bouge”, c’est “est-ce qu’on peut encore reprendre la main si ça tourne mal ?”.


La gestion du risque, c’est donc d’abord mettre des mots clairs sur les risques qu’on accepte de prendre, et ceux qu’on refuse.

1.2. Pourquoi les grosses pertes font tellement de dégâts

Il y a une petite réalité mathématique que tout le monde connaît… mais que presque personne n’intègre vraiment dans ses décisions :
  • Si on perd 50 % sur un investissement, il faut faire +100 % ensuite pour revenir à zéro.
  • Si on perd 80 %, il faut +400 % derrière.

Et plus on creuse le trou, plus il est difficile d’en sortir.
Ce n’est pas juste une question de chiffres, c’est aussi une question de temps, d’énergie et de mental. Après un –70 % sur une partie importante du patrimoine, on ne réfléchit plus du tout de la même façon.

C’est pour ça que la gestion du risque insiste autant sur une idée simple :
Le but n’est pas d’éviter tous les accrochages, mais d’éviter les accidents qui cassent définitivement la voiture.

Sur les marchés, c’est pareil :
on sait qu’il y aura des pertes, des scénarios ratés, des périodes compliquées.
Mais tant qu’on évite les pertes irréversibles (celles qui mettent le capital à genoux), on a encore la possibilité de rebondir, d’ajuster la stratégie et de profiter des cycles suivants.

À partir de là, la priorité n’est plus “comment maximiser les gains à tout prix”, mais plutôt "comment faire en sorte que chaque erreur reste absorbable, rattrapable, supportable dans la durée."

2. Tolérance au risque vs capacité au risque

Avant de parler d’allocation ou de pyramide patrimoniale, il y a un truc très simple à clarifier :

à quel point tu peux encaisser les secousses ?


Et là, il faut distinguer deux choses qu’on mélange tout le temps :

  • ce que tu supportes dans ta tête,
  • et ce que tu peux vraiment te permettre dans ta vie.


C’est la différence entre tolérance au risque et capacité au risque. Tant que ces deux-là ne sont pas au clair, le reste du discours sur la “bonne stratégie” flotte un peu dans le vide.

2.1. Ta tolérance au risque : comment tu vis les pertes

La tolérance au risque, c’est le côté humain, émotionnel.


En gros :

  • Comment tu réagis quand ton portefeuille fait –10 %, –20 % ou plus ?
  • Est-ce que tu actualises ton compte toutes les 10 minutes ?
  • Est-ce que tu as du mal à dormir quand les marchés corrigent ?
  • Est-ce que tu paniques facilement dès que ça baisse un peu fort ?
  • Ou au contraire, est-ce que tu restes plutôt calme, même dans des phases un peu violentes ?


Tu peux croire que “ça va, je gère”, mais la seule vraie mesure, c’est ton comportement quand ça tourne mal pour de vrai, pas en théorie.


La tolérance au risque, ce n’est pas un badge de courage.

Ce n’est pas “mieux” d’être très tolérant, ni “moins bien” d’être prudent.

C’est juste : où est ton seuil de douleur avant que tu commences à faire des bêtises ?


Parce que c’est là que se produisent les erreurs les plus chères :

  • vendre au plus bas,
  • couper tout juste avant le rebond,
  • ou, à l’inverse, refuser de couper une position perdante “par fierté”.

2.2. Ta capacité au risque : ce que ta situation te permet vraiment

La capacité au risque, c’est la partie froide et objective.


Même si tu te sens à l’aise avec la volatilité, il faut regarder noir sur blanc :

  • Combien tu gagnes.
  • Combien tu dépenses.
  • Combien tu as d’épargne de sécurité.
  • À quel point ton job est stable.
  • Si tu as des personnes à charge, des crédits, des engagements.
  • Dans combien de temps tu auras besoin d’une partie de cet argent (achat, projet, retraite, etc.).


En clair : si tout se passe mal sur la partie risquée de ton patrimoine, est-ce que ta vie continue de tourner normalement ?


Exemples simples :

  • Si tu as un bon matelas de sécurité, un revenu stable, peu de charges fixes et un horizon long terme, ta capacité au risque est plutôt élevée.
  • Si tu es en début de carrière, peu d’épargne, beaucoup de charges ou de dettes, ta capacité au risque est en réalité plus faible… même si tu te sens prêt à tout tenter.


💡 C’est important de ne pas se raconter d’histoires !!

     → on peut être psychologiquement à l’aise avec le risque, mais financièrement peu équipé pour le prendre.

2.3. Le problème quand les deux ne sont pas alignés

Là où ça déraille souvent, c’est quand tolérance et capacité au risque ne racontent pas la même histoire.


Quelques cas typiques :


  • Capacité élevée / tolérance faible
    Tu pourrais te permettre plus de volatilité, mais le moindre –10 % te fait paniquer.Résultat : tu sors trop tôt, tu te stresses, tu n’arrives pas à tenir tes positions dans le temps.
  • Tolérance élevée / capacité faible
    Tu es “chaud”, tu n’as pas peur de voir des –40 % à l’écran… mais en réalité, tu as peu d’épargne, des projets proches, ou un revenu fragile.
    Si le scénario tourne mal, ce n’est plus juste une ligne rouge sur un graphique, c’est ta vie réelle qui est impactée.


L’objectif d’une bonne gestion du risque, ce n’est pas d’être “brave” ou “conservateur” par principe.

C’est d’arriver à une configuration où :

  • ton profil psychologique est respecté (tu peux tenir ta stratégie sans exploser mentalement),
  • ta réalité financière est protégée (un mauvais cycle ne remet pas en cause tes projets de base).


À partir du moment où tu as mis ça au clair, tout le reste devient plus simple :

tu peux décider de la place de la crypto dans ton patrimoine, de la taille de tes positions, de ton niveau d’agressivité… sans te mentir sur le risque que tu prends vraiment.

3. La pyramide patrimoniale : mettre de l’ordre dans ton argent

Maintenant qu’on sait mieux ce qu’est le risque et comment toi tu le vis, il faut répondre à une question très concrète :
comment organiser ton patrimoine pour que ça tienne debout, même quand le marché secoue ?

C’est là que la notion de pyramide patrimoniale est utile.
L’idée est simple : tout ton argent n’a pas à jouer dans la même catégorie de risque.

On ne met pas le capital qui doit payer le loyer au même endroit que le capital qu’on accepte de voir faire –60 % en plein bear market.
On structure en couches.

3.1. La base : ce qui ne doit pas lâcher

Tout en bas, on place ce qui sert de socle.
C’est l’argent qui doit tenir quoi qu’il arrive :
  • épargne de sécurité,
  • cash ou équivalents (livrets, fonds monétaires…),
  • placements très prudents,
  • éventuellement un immobilier solide et peu spéculatif,
  • des fonds / ETF larges, très diversifiés, si ton horizon est long.

Cette base est là pour assurer :
“Même si ma partie risquée se plante, ma vie ne s’écroule pas.”

Tant que cette couche existe et reste saine, tu peux prendre du risque plus haut dans la pyramide sans tout mettre en jeu.

3.2. Le milieu : faire grossir le patrimoine sans faire all-in

Au-dessus, on retrouve la partie “croissance” :
  • actions de bonnes entreprises (plus cycliques ou plus dynamiques),
  • immobilier un peu plus offensif,
  • secteurs ou thématiques avec du potentiel, mais encore lisibles (tech, santé, énergie, etc.).

Ici, on accepte plus de volatilité, mais on reste dans des choses qui ont un lien clair avec l’économie réelle, des fondamentaux qu’on peut analyser.

C’est souvent cette couche qui, sur plusieurs années, fait réellement grandir le patrimoine.
Pas aussi spectaculaire que la crypto, mais beaucoup plus fiable dans le temps.

3.3. Le sommet : le moteur spéculatif

Tout en haut, il y a la couche spéculative.
C’est elle qui attire le plus, mais c’est elle aussi qui fait le plus de dégâts quand elle est surdimensionnée :
  • crypto-monnaies,
  • small caps très volatiles,
  • produits dérivés, options, levier,
  • paris très concentrés sur un seul actif, un seul narratif.

Ici, il faut être honnête : on joue sur un terrain où le risque de gros drawdown est réel.
Le but n’est pas de l’éviter à tout prix, mais de faire en sorte que, s’il arrive, il ne détruit que la pointe de la pyramide, pas l’ensemble.

Concrètement, ça veut dire deux choses :
  1. Cette couche reste limitée en proportion du patrimoine global.
  2. On assume dès le départ que ce capital peut beaucoup bouger, dans un sens comme dans l’autre.

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En résumé, la pyramide patrimoniale, c’est juste une façon claire de dire :
“Je ne mets pas le même niveau de risque sur tout mon argent.
J’ai une base solide, un cœur qui fait grandir le patrimoine,
et une partie spéculative que je peux encaisser si ça se passe mal.”

4. La place de la crypto dans ta pyramide patrimoniale

On va être cash : si tu es en crypto, tu prends un risque élevé.

La crypto, c’est puissant, excitant, potentiellement très rentable, mais c’est aussi une des zones les plus violentes des marchés : volatilité extrême, cycles brutaux, risques techniques, réglementaires, de contrepartie, etc.

Du coup, la vraie question n’est pas :
“Est-ce que la crypto, c’est bien ou mal ?”

Mais plutôt :
"Quelle place je donne à la crypto dans ma pyramide, pour qu’elle reste une opportunité et pas un risque systémique pour ma vie entière ?"

Et là, la pyramide patrimoniale devient vraiment utile.

4.1. Pourquoi la crypto ne peut pas être la base

La base de ta pyramide, c’est ce qui doit tenir même si tout le reste se plante :
épargne de sécurité, revenus complémentaires stables, placements prudents, immobilier solide, etc.

La crypto, par nature :
  • peut perdre 60–80 % en un cycle sans que ce soit “anormal”,
  • dépend énormément du sentiment de marché et de la liquidité,
  • peut être bloquée sur une plateforme, un protocole, un exchange,
  • peut être impactée du jour au lendemain par une régulation, un bug, un hack.

Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas en avoir.
Ça veut juste dire qu’elle ne coche aucune des cases nécessaires pour être le socle :
  • stabilité → non ❌
  • visibilité à court terme → non ❌
  • protection contre les gros drawdowns → non ❌

Donc, dans une logique de gestion du risque, la crypto ne peut pas être le “fond de tiroir sécurisé” sur lequel tu dors tranquille.
Elle doit rester au sommet de la pyramide, dans la couche la plus dynamique et la plus risquée.

4.2. Penser la crypto comme une couche, pas comme une identité

Beaucoup de gens se définissent comme “crypto only”.
Le problème, c’est qu’on finit souvent avec une pyramide inversée avec 70–90 % du patrimoine en crypto et quasi rien en base solide.

Sur le papier, ça fait rêver.
En pratique, ce type de configuration ne tient que dans un contexte très précis : tant que le marché est haussier, que tu n’as pas besoin de cash dans la vraie vie, et que tu n’as jamais vraiment traversé un vrai bear market mentalement. Le jour où l’un de ces trois éléments change, la réalité devient tout de suite moins confortable.

Une approche plus saine consiste à considérer la crypto comme une couche de ton patrimoine, pas comme ton identité entière. Tu construis d’abord une base qui couvre la sécurité, les besoins du quotidien et les projets non négociables. Au-dessus, tu as une couche de croissance raisonnable, avec des actifs comme les actions ou l’immobilier, qui ont vocation à faire grandir ton patrimoine dans le temps. Et seulement ensuite, au sommet, tu ajoutes une couche crypto et plus spéculative, que tu dimensionnes de façon consciente.

À ce moment-là, la crypto n’est plus le pilier qui porte toute ta vie financière, mais un moteur de performance potentiel, intégré dans un ensemble plus solide, au lieu d’un “tout ou rien” qui décide seul de ton avenir.

4.3. Comment décider de la place que la crypto prend

Il n’y a pas de chiffre magique qui s’applique à tout le monde.
Par contre, il y a quelques questions simples à te poser :
  • Si la partie crypto de mon patrimoine faisait –80 % demain, est-ce que ma vie serait toujours fonctionnelle ?
  • Est-ce que je peux encore financer mes projets importants (logement, famille, business) si la crypto se plante pour plusieurs années ?
  • Est-ce que je suis obligé de vendre au pire moment pour vivre… ou est-ce que je peux laisser passer un cycle ?

Plus ta capacité au risque est faible (peu d’épargne, revenus instables, gros projets proches), plus la part de crypto doit rester modeste dans ton patrimoine global.
Plus tu as une base solide, du temps devant toi et de la marge, plus cette part peut être augmentée, tout en restant encadrée.

Autre nuance importante :
  • même au sein de la crypto, tout n’a pas le même niveau de risque :
  • des actifs comme BTC / ETH peuvent être dans le “haut de pyramide, mais encore relativement structurés”,
  • alors que les microcaps, memecoins, farming exotiques, NFT ultra spéculatifs sont tout en haut du sommet, dans la zone très, très chaude.

Tu peux donc avoir une mini-pyramide crypto à l’intérieur de la grande :
une base plus “solide” (relative) en BTC/ETH, puis des couches plus risquées au-dessus.

4.4. Ce qui se passe après un bullrun

L’un des moments les plus critiques pour la gestion du risque, c’est… quand tout va bien. Tu pars avec, disons, 10 à 20 % de ton patrimoine en crypto, puis arrive un cycle haussier : les prix explosent, et ta poche crypto finit par peser autant que le reste de ton patrimoine, voire davantage.
Si tu ne touches à rien, tu te retrouves mécaniquement sur-exposé à la crypto, avec une pyramide patrimoniale beaucoup plus bancale que celle que tu avais imaginée au départ, alors même que tu as l’impression de “simplement laisser courir les gains”.

C’est là que la gestion du risque te rattrape :
  • soit tu décides de rééquilibrer (vendre une partie, renforcer ta base, financer des projets concrets),
  • soit tu laisses faire… et tu acceptes que, si le cycle se retourne, tu reperdes une grande partie du terrain gagné.

Rééquilibrer, ce n’est pas “trahir la vision long terme”.
C’est dire “Je sécurise une partie de ce que ce cycle m’a offert, pour que, même si le prochain est violent, ma vie et mon patrimoine tiennent debout.”

5. Diversification et corrélation : la vraie

Tout le monde a déjà entendu :
« Pour réduire le risque, il faut diversifier. »

C’est vrai, mais seulement si on comprend ce qu’on diversifie vraiment.

Beaucoup d’investisseurs pensent être “bien diversifiés” parce qu’ils ont plein de lignes en portefeuille.
En réalité, ils ont juste multiplié les façons de perdre de l’argent sur le même scénario.

On va remettre un peu d’ordre là-dedans.

5.1. Diversifier, ce n’est pas juste ajouter des lignes

Pour beaucoup de gens, diversifier revient à éviter d’avoir “tout au même endroit”. Du coup, ils empilent les positions : un peu d’ETH, un peu d’Optimism, un peu d’Arbitrum, quelques protocoles DeFi sur Ethereum, puis d’autres projets qui gravitent autour du même écosystème.

Sur un tableur, ça donne une jolie colonne de tickers. On a l’impression d’être sérieux : “Regarde, j’ai 10, 15, 20 lignes, je suis large.”
Le problème, c’est que toutes ces lignes dépendent en réalité du même moteur : la santé de l’écosystème Ethereum.
Si le narratif ETH est attaqué, si la confiance se fissure, si un gros problème technique ou réglementaire arrive, ce n’est pas une seule position qui souffre, c’est tout le bloc.

Même chose côté actions : posséder dix valeurs tech américaines plus un ETF Nasdaq ne transforme pas magiquement le portefeuille en forteresse diversifiée. On reste accroché au même wagon.

Diversifier, ce n’est donc pas multiplier les noms dans le portefeuille.
C’est réduire sa dépendance à un seul scénario, à une seule histoire sous-jacente.

5.2. La corrélation : comment tes actifs bougent ensemble

La vraie question, ce n’est pas “combien j’ai de lignes ?”, mais “comment ces lignes se comportent-elles les unes par rapport aux autres ?”.

Deux actifs peuvent avoir un nom différent, un logo différent, une communauté différente… et pourtant réagir presque exactement de la même manière dès que le marché se tend. Dans ce cas, ils sont fortement corrélés : ils montent ensemble, ils descendent ensemble, ils paniquent ensemble.

À l’inverse, deux actifs peuvent réagir de façon plus indépendante. L’un peut souffrir quand l’autre tient, ou même profiter de situations où le premier se fait malmener. C’est là que la diversification commence à prendre du sens : quand tous les éléments du portefeuille ne sont pas en train de vivre la même vie.

Concrètement, un portefeuille avec huit à dix positions bien choisies, qui ne reposent pas toutes sur le même narratif, peut être beaucoup plus solide qu’un portefeuille éclaté en trente lignes qui bougent toutes plus ou moins ensemble.

5.3. La limite de la diversification : on ne supprime pas le risque

Il faut aussi être honnête sur un point : la diversification ne supprime pas le risque. Elle le redistribue.

Même avec un portefeuille construit intelligemment, il restera des périodes où tout baissera en même temps, des crises globales, des phases où la corrélation entre actifs augmente brutalement. C’est normal. Diversifier n’a jamais voulu dire “ne plus jamais voir de rouge”.

Et à l’inverse, trop diversifier peut finir par faire l’effet inverse de celui recherché. Quand le capital est saupoudré sur une quarantaine de petites positions, on se retrouve avec des montants tellement faibles sur chaque ligne qu’aucun winner ne pèse vraiment, et qu’on passe plus de temps à surveiller des miettes qu’à gérer une stratégie.

Au lieu d’avoir quelques convictions claires, suivies sérieusement, on se retrouve avec un tiroir de jetons et d’actifs qu’on ne suit plus vraiment. On a perdu en lisibilité, sans forcément gagner en sécurité.

La bonne diversification, ce n’est pas “en avoir beaucoup”, c’est en avoir suffisamment pour ne pas dépendre d’un seul scénario, tout en gardant la capacité de suivre, comprendre et ajuster ce qu’on détient.

5.4. Appliqué à la crypto : ce qui ressemble à de la diversification et ne l’est pas

En crypto, les fausses diversifications sont monnaie courante.

C’est le cas, par exemple, quand tout un portefeuille est construit autour d’un seul narratif : uniquement des projets IA, ou uniquement du gaming, ou uniquement de la DeFi ultra spéculative sur la même chaîne. Tant que le narratif a le vent dans le dos, tout va bien. Mais dès qu’il se dégonfle, c’est l’ensemble des positions qui trinque, d’un seul coup.

On retrouve le même problème quand on se dit “multi-chaîne” mais qu’en réalité, on joue toujours le même type de risque : quelques projets sur Ethereum, d’autres sur Solana, d’autres sur BNB Chain, mais tous exposés à des protocoles très risqués, dépendants des mêmes flux de liquidité et du même appétit pour le risque. Sur le papier, on est “partout”. En pratique, on est toujours positionné sur la partie la plus nerveuse du marché.

À l’inverse, on peut créer une vraie diversification interne au sein même de la crypto.
Par exemple en faisant cohabiter :
  • une base crypto plus “structurée” (du BTC, de l’ETH, quelques grandes capitalisations avec un historique solide),
  • une couche d’altcoins plus thématiques ou plus agressifs,
  • et une petite partie seulement pour les paris vraiment explosifs : microcaps, nouveaux narratifs, memecoins, etc.

Ça ne rend pas la crypto “safe”, loin de là, mais ça évite d’être 100 % concentré sur la zone la plus fragile et la plus spéculative.

5.5. Diversifier sans se perdre

Le risque, c’est de passer d’un extrême à l’autre, d’un portefeuille ultra concentré sur deux ou trois positions à un portefeuille tellement éclaté qu’on ne maîtrise plus rien.
  • D’un côté, trop peu de positions, et la moindre erreur sur un actif clé fait très mal.
  • De l’autre, trop de positions, et plus personne ne sait vraiment ce qu’il détient, ni pourquoi.

L’équilibre se trouve quelque part entre les deux : un nombre de lignes cohérent avec ton temps, ton niveau de compétence et ta capacité de suivi. Mieux vaut dix à quinze positions que tu comprends vraiment, avec des moteurs différents, qu’un zoo de trente ou quarante actifs que tu ne regardes plus, à part quand tout s’effondre.

En fin de compte, la question à se poser n’est pas : “Est-ce que mon portefeuille a l’air diversifié ?”, mais :
“Est-ce que mon avenir financier repose sur une seule histoire ou est-ce que j’ai plusieurs moteurs qui peuvent fonctionner dans des contextes différents ?”

C’est ça, la vraie diversification : organiser ton patrimoine de façon à ne pas jouer ta vie sur un seul scénario.

6. Outils concrets pour gérer ton risque au quotidien

Jusqu’ici, on a surtout posé le cadre : ce qu’est le risque, comment tu le vis, comment organiser ton patrimoine, où placer la crypto, et comment penser la diversification.

Maintenant, on passe au “maniement”.
Concrètement, quand tu ouvres une position, qu’est-ce que tu peux faire, là, tout de suite, pour que ton risque soit maîtrisé et pas subi ?

On va parler de quatre choses très simples, mais qui changent tout : la taille de position, le stop / l’invalidation, le rééquilibrage, et l’usage (ou non) du levier.

6.1. La taille de position : combien tu mets en jeu sur chaque idée

La taille de position, c’est la quantité d’argent que tu mets sur un trade ou un investissement.
Dit comme ça, ça paraît évident mais c’est probablement l’outil de gestion du risque le plus mal utilisé.

La plupart du temps, on fait l’inverse de ce qu’il faudrait :
on commence par choisir l’actif, le point d’entrée, le stop et seulement à la fin on regarde “au feeling” combien on met.
En mode : “Bon allez, je mets 2 000, ça me semble bien.”

La logique saine, c’est l’inverse.
Tu pars de cette question :
“Si ce trade se plante complètement, combien je suis prêt à perdre sans me saboter ?”

Imaginons que tu aies 20 000 € dédiés à la partie risquée de ton capital.
Tu décides que, sur une seule idée, tu ne veux pas risquer plus de 1 % de ce montant.
Ça veut dire que, si ton scénario est invalidé, tu acceptes de perdre 200 € sur cette position, pas plus.

À partir de là, tu regardes où se situe ton niveau d’invalidation et tu en déduis la taille de ta position.
  → Si ton stop est à –20 %, ta taille max de position sera d’environ 1 000 €.
  → Si ton stop est très proche, ta taille peut être un peu plus grande.
Mais la règle reste la même : tu adaptes la taille de la position au risque que tu acceptes, pas l’inverse.

Ça casse un peu le côté “je mets un gros billet parce que j’y crois”, mais c’est précisément ça, la gestion du risque : te protéger de toi-même quand tu es trop confiant.

6.2. Stop-loss et invalidation : savoir où tu lâches l’affaire

Le stop-loss, c’est le niveau auquel tu acceptes de reconnaître que ton idée ne fonctionne pas comme prévu.

Il peut être placé de deux manières :
  • soit d’un point de vue technique (sous un support majeur, une zone clé, un niveau qui, s’il est cassé, change clairement la structure du marché),
  • soit d’un point de vue plus “scénario” : tu te dis simplement “si le prix passe sous ce seuil, le scénario sur lequel je m’appuyais n’est plus valable”.

Dans les deux cas, l’idée est la même : tu définis à l’avance où tu arrêtes de t’acharner.

Le stop peut être un ordre automatique sur la plateforme, ou un niveau mental que tu respectes avec discipline. Le premier t’évite de céder à l’émotion, le second demande une rigueur béton (et on sait tous à quel point c’est difficile quand ça dévisse).

Ce qui compte surtout, c’est la cohérence entre trois choses : ton point d’entrée, ton stop, et la taille de ta position.
  → Si tu poses ton stop très loin mais que tu mets une taille énorme, tu te retrouves avec un risque gigantesque.
  → Si tu poses ton stop trop près dans un marché ultra volatil, tu te fais sortir au moindre bruit.

Le but n’est pas de placer le “stop parfait” (il n’existe pas), mais d’avoir un cadre clair :
“Je joue ce scénario. S’il est invalidé, je sors, je protège mon capital et je passe à autre chose.”

6.3. Le rééquilibrage : remettre ton portefeuille dans l’axe

Le rééquilibrage, c’est un peu comme réaligner les roues d’une voiture après avoir roulé sur des nids-de-poule.

Au fil du temps, ton portefeuille se déforme. Certains actifs surperforment, d’autres traînent.
Si tu ne touches à rien, tu te retrouves avec une structure qui ne ressemble plus du tout à ce que tu avais imaginé au départ.

Exemple très classique avec la crypto : tu démarres avec 15 % de ton patrimoine global en crypto.
Gros bullrun, ta partie crypto explose à la hausse.
Du jour au lendemain, sans avoir rajouté un euro, tu te retrouves avec 40 % de ton patrimoine en crypto.
Tu n’as pas “décidé” de devenir beaucoup plus agressif, mais c’est ce qui s’est passé, mécaniquement.

Le rééquilibrage consiste à dire :
“Ok, j’avais prévu tel niveau de risque. Là, j’ai dérivé. Je prends une partie des gains sur ce qui a le plus monté et je renforce ma base ou d’autres zones, pour revenir à quelque chose de cohérent avec mon profil.”

Concrètement, ça veut dire parfois vendre une partie de tes plus beaux winners. C’est contre-intuitif sur le moment, mais c’est ce qui permet :
  • de sécuriser une partie de ce que le marché t’a donné,
  • d’éviter de te retrouver sur-exposé à un seul actif ou une seule classe d’actifs,
  • de garder ton risque global sous contrôle.

Tu peux le faire à date fixe (par exemple une fois par trimestre, une fois par an) ou à seuil (dès qu’un actif dépasse un certain pourcentage de ton portefeuille). L’important, c’est que ce soit une démarche volontaire, pas un truc que tu subis par défaut.

6.4. Gérer ton exposition : quand être “risk on” et quand être “risk off”

La gestion du risque, ce n’est pas seulement choisir sur quoi investir, c’est aussi décider à quel moment tu veux être plus ou moins exposé.

En pratique, ça revient à te poser régulièrement une question simple :
“Est-ce que, dans le contexte actuel, je veux être en mode risk on ou en mode risk off ?”

En mode risk on, tu acceptes d’être plus exposé aux actifs volatils : plus de crypto, plus d’actions de croissance, plus de paris offensifs.
Tu sais que ça peut secouer, mais tu considères que le contexte de marché est plutôt porteur, que ton moral est solide, et que ta situation personnelle te permet cette prise de risque.

En mode risk off, tu fais l’inverse : tu réduis la voilure.
Tu allèges les positions les plus nerveuses, tu remontes la part de cash et d’actifs plus stables, tu simplifies ton portefeuille.
L’idée n’est pas forcément de “timer le marché” à la perfection, mais de reconnaître que certains moments appellent plus de prudence que d’autres : grosses incertitudes macro, changement de cycle, fatigue mentale, concentration excessive sur quelques lignes, besoin de liquidités dans la vraie vie, etc.

Ce va-et-vient entre risk on et risk off ne se décide pas à chaque bougie en H1.
C’est plutôt une respiration naturelle de ton exposition globale : il y a des phases où tu laisses ton patrimoine “accélérer” et d’autres où tu le mets volontairement en mode “préservation”.

L’erreur classique, c’est de faire l’inverse de ce qu’il faudrait : ultra agressif quand tout est déjà euphorique, tétanisé et totalement désengagé quand les prix sont massacrées.
La gestion de l’exposition, c’est justement ce qui t’aide à garder un minimum de cohérence : tu ne restes pas en permanence à fond sur l’accélérateur, ni en permanence sur le frein à main. Tu ajustes.

Concrètement, ça peut passer par des décisions simples : réduire un peu la part de crypto après un bullrun très violent, augmenter légèrement le cash quand tu sens que tu es tendu mentalement, renforcer au contraire la partie “croissance raisonnable” quand le marché offre de bons points d’entrée sur des actifs de qualité.

L’important, c’est de comprendre que cette gestion risk on / risk off se joue au niveau du portefeuille global, pas seulement trade par trade.
Tu ne changes pas juste de token, tu changes ton degré d’exposition au risque, en fonction de ce que le marché t’envoie… et de là où toi, tu en es.

6.5. Exceefy : passer de la théorie à un vrai plan sur ton portefeuille

Tout ce qu’on vient de voir – taille de position, scénarios, prise de profit, gestion du risque global – c’est très bien en théorie.
Mais si tout reste dans ta tête, ça ne change pas grand-chose à ton quotidien d’investisseur. C’est précisément pour ça qu’on a construit Exceefy.

L’idée de départ est simple : avoir un endroit unique où tu peux voir ton portefeuille comme un ensemble cohérent, et pas comme une collection de lignes éparpillées sur plusieurs plateformes. Une fois tes positions synchronisées ou renseignées, tu ne regardes plus seulement “combien ça vaut”, tu regardes surtout comment ton risque est structuré.

Dans Exceefy, tu peux par exemple poser noir sur blanc tes stratégies de prise de profit :
découper une position en plusieurs paliers de vente, décider à quels niveaux tu prends une partie de tes gains, comment tu sécurises le capital de départ, à partir de quand tu laisses “tourner” le reste.
Plutôt que de te dire “on verra quand on y sera”, tu programmes tes intentions. Ce ne sont plus des idées vagues, ce sont des règles.

L’autre brique clé, c’est l’IA intégrée.
Son rôle n’est pas de “deviner le marché”, mais de te renvoyer un miroir de ton portefeuille sous l’angle risque / prix :
comment tu es exposé, où se concentrent vraiment les risques, quelles positions pèsent trop lourd par rapport à leur volatilité, quelles zones sont sous-dimensionnées, ce qui se passerait si tel ou tel scénario défavorable se déclenchait.

En pratique, ça t’aide à répondre à des questions que tu négliges souvent quand tout va vite :
  → est-ce que ton portefeuille ressemble à ce que tu crois ?
  → est-ce que ta pyramide tient debout ?
  → est-ce que tu n’as pas, sans t’en rendre compte, mis la moitié de ton avenir sur trois lignes hyper corrélées ?

Exceefy ne remplace pas tes décisions, mais il te force à les voir en face, chiffrées, structurées.
Tu ne joues plus juste “à l’instinct”, tu commences à piloter un portefeuille avec de vraies règles.

6.6. En résumé : cadrer chaque décision avant qu’elle ne te dépasse

Tous ces outils, la taille de position, le stop, le rééquilibrage, l’usage (ou non) du levier, et désormais un tableau de bord comme Exceefy ont un point commun : ils t’obligent à décider à froid, avant que l’émotion ne prenne le volant.

La gestion du risque, ce n’est pas compliquer ta vie avec des concepts en plus.
Au contraire, c’est simplifier le jeu tu sais à l’avance combien tu peux perdre sur une idée, tu sais à quel moment tu acceptes que le scénario est mort, tu corriges régulièrement la dérive de ton portefeuille et tu t’appuies sur un outil qui te montre, sans filtre, à quoi ressemble vraiment ton risque aujourd’hui.

Le marché restera toujours imprévisible.
Mais avec ce cadre-là, tu ne subis plus complètement les événements : tu gardes la main sur ce qui compte vraiment, à savoir la façon dont ton capital encaisse les chocs et survit aux erreurs.

7. Se préparer à avoir tort : scénarios et plan de jeu

On a souvent tendance à entrer en position comme si le marché allait valider exactement notre scénario.
On a une idée, un narratif, un niveau d’entrée “propre”, un sentiment de timing correct… et on agit comme si le reste allait suivre.

En réalité, le marché se fiche complètement de ce que tu avais prévu.

La gestion du risque, à ce stade, c’est accepter une vérité simple : tu vas avoir tort. Pas tout le temps. Mais régulièrement.
Et la question importante devient : qu’est-ce qui se passe pour toi quand ça arrive ?

Se préparer à avoir tort, ce n’est pas être pessimiste.
C’est juste organiser ton portefeuille pour que tes erreurs ne soient jamais fatales.

7.1. Sortir du “scénario unique”

La plupart des gens fonctionnent avec un seul scénario dans leur tête :
“J’achète ici, ça monte, je vends plus haut.”

Ils ont parfois une idée vague du “si ça baisse je verrai”, mais rien de très structuré.
Le problème, c’est que dès que le marché ne suit pas le script, la machine mentale s’emballe : doute, stress, déni, improvisation.

Pour éviter ça, tu peux te forcer à penser au moins en trois scénarios dès le départ :
  • un scénario où ça se passe bien (ou très bien),
  • un scénario où il ne se passe pas grand-chose,
  • un scénario où ça se passe franchement mal.

Tu n’as pas besoin de faire une thèse de 40 pages pour chaque cas.
Mais tu dois te donner une ligne de conduite claire : qu’est-ce que je fais concrètement si on bascule dans l’un de ces trois mondes ?

Rien que ce changement de posture – passer du “j’espère que mon scénario se réalise” au “j’ai un plan pour plusieurs issues possibles” – te met déjà dans une autre catégorie d’investisseur.

7.2. Le scénario “ça se passe bien” : cadrer l’avidité

C’est le plus agréable et parfois le plus dangereux.

Ton idée fonctionne, le prix part dans le bon sens, ta position est verte, très verte.
Sans préparation, tu te retrouves vite dans le “on va voir jusqu’où ça va”, ce qui peut vouloir dire “je ne prends jamais vraiment de profits et je rends tout quand le cycle se retourne”.

Te préparer à avoir tort même quand ça se passe bien, c’est accepter l’idée que tu peux aussi te tromper… sur l’ampleur de la hausse.
Tu avais prévu un scénario très agressif, le marché te donne déjà un scénario “correct”, voire “très bon”. Tu fais quoi ?

Tu peux par exemple décider à l’avance :
  • à partir de quel niveau tu sécurises ton capital de départ,
  • à quel moment tu commences à alléger, même si tu as l’impression que “ça peut encore partir beaucoup plus haut”,
  • ce que tu fais si le prix dépasse largement tes objectifs initiaux (tu continues de vendre par paliers, tu gardes un reliquat long terme, etc.).

Le but n’est pas de vendre pile au top.
Le but, c’est de ne pas transformer un excellent trade en simple anecdote parce que tu as tout laissé repartir à zéro.

7.3. Le scénario “il ne se passe rien” : gérer la stagnation

C’est probablement le scénario le moins spectaculaire, mais c’est celui qui use le plus.

Tu entres en position, et pendant des semaines, voire des mois, il ne se passe pas grand-chose. Le prix latéralise, bouge un peu, mais sans vraie direction.
Tu commences à douter : est-ce que tu tiens ? Est-ce que tu coupes ? Est-ce que tu renforces ? Tu as d’autres opportunités en tête. Tu as l’impression que ton capital est “bloqué”.

Si tu n’as rien prévu pour ce scénario, tu te retrouves à subir une sorte d’usure lente, qui finit souvent en décision impulsive au mauvais moment.

Te préparer, là, c’est te poser quelques questions simples avant d’entrer :
  • Combien de temps tu acceptes de laisser une position vivoter sans direction claire ?
  • Est-ce que tu as une règle du type “si au bout de X semaines le scénario ne démarre pas, je réduis / je sors / je réalloue ailleurs” ?
  • Est-ce que tu as un plan de renforcement progressif sur des zones précises… ou est-ce que tu préfères concentrer ton énergie sur d’autres actifs plus dynamiques ?

Encore une fois, il ne s’agit pas forcément d’avoir une règle “parfaite”.
Mais d’éviter de te retrouver à ruminer pendant trois mois sur une ligne que tu n’as ni vraiment envie de garder, ni vraiment le courage de couper.

7.4. Le scénario “ça se passe mal” : limiter les dégâts, pas sauver l’ego

C’est celui qui fait le plus mal, mais c’est aussi celui qui doit être le plus simple à gérer… si tu as fait le travail en amont.

Le prix part contre toi, casse des niveaux que tu considérais comme importants, invalide le narratif que tu avais en tête.
Là, deux chemins se présentent :
  • soit tu avais un niveau d’invalidation clair, tu sais où tu sors, c’est dur mais la décision est déjà prise ;
  • soit tu n’avais rien décidé, et tu entres dans la zone grise : “je vais laisser un peu de marge”, “ça va sûrement rebondir”, “ça serait quand même dommage de couper maintenant”.

C’est précisément dans cette zone grise que naissent les vraies catastrophes : les –20 % qui deviennent des –60 %, les “juste un peu de temps” qui se transforment en cycle complet de bear market vécu en PLS.

Te préparer à avoir tort dans ce scénario-là, c’est accepter qu’une position puisse être une erreur… sans que ça remette en cause ta valeur comme investisseur.
C’est poser un niveau au-delà duquel tu te dis : “ok, là, le marché m’a prouvé que j’avais tort, je prends ma perte, je protège le reste, et je passe à autre chose”.

Couper une position perdante, ce n’est pas un aveu d’échec.
C’est la condition pour garder assez de capital (et de mental) pour saisir les opportunités suivantes.

7.5. Écrire ton plan quelque part, noir sur blanc

Tout ce dont on parle ici peut rester au stade de “ouais, je vois l’idée” ou devenir réel.
La différence entre les deux se joue souvent sur un détail :
est-ce que tu l’as écrit quelque part, noir sur blanc ?

Tant que ton plan reste dans ta tête, il va bouger avec tes émotions.
Ce qui te semblait “évident” à froid devient beaucoup plus flou quand la position est à –25 % ou +120 %.

Prendre l’habitude de noter, pour chaque position importante :
  • pourquoi tu entres,
  • ce que tu attends dans le meilleur des cas,
  • ce que tu acceptes comme scénario moyen,
  • ce qui, pour toi, signifiera “j’ai eu tort, je sors”,
  • ça change radicalement ta relation au marché. Tu arrêtes d’improviser sous pression.

Tu peux le faire dans un carnet, un doc, une feuille Excel… ou dans un outil comme Exceefy si tu veux intégrer ça directement à la vision globale de ton portefeuille. Ce qui compte, ce n’est pas le support, c’est le fait que tes règles existent en dehors de ta tête.

7.6. Le vrai luxe : ne plus être surpris par ses propres décisions

Se préparer à avoir tort, ce n’est pas deviner l’avenir mieux que les autres.
C’est simplement ne plus être surpris par ce que tu fais toi-même.

Quand tu as pensé tes trois scénarios, quand tu sais ce que tu feras si ça part fort dans un sens ou dans l’autre, tu passes dans une autre posture : le marché reste imprévisible, mais toi, tu deviens prévisible pour toi-même.

Tu peux toujours te tromper sur la direction. Mais tu arrêtes de te tromper sur ta réaction à cette direction.

Et ça, sur la durée, c’est là que se joue la différence entre un portefeuille qui survit et rebondit… et un portefeuille qui finit au tapis parce qu’il a été piloté à coup de décisions improvisées, prises sous stress, sans aucun plan.

Conclusion : durer assez longtemps pour que le marché finisse par te récompenser

Si on reprend tout ce qu’on a construit depuis le début, il y a un fil rouge très simple :
ton vrai job, ce n’est pas de deviner le marché, c’est de survivre au marché.

Tu ne contrôles pas les cycles, tu ne contrôles pas la macro, tu ne contrôles pas les annonces, ni les liquidations des autres, ni les décisions de régulation, ni les tweets qui déclenchent des mouvements absurdes.
En revanche, tu contrôles quelque chose de beaucoup plus important que tu ne le crois : la manière dont ton capital encaisse tout ça.

La gestion du risque, ce n’est pas un chapitre à part, que tu coches une fois pour te donner bonne conscience.
C’est la trame de fond de tout le reste.

Tu commences par comprendre de quoi on parle vraiment quand on dit “risque” : pas juste des courbes qui bougent, mais des scénarios où tu peux te retrouver bloqué, rincé, ou obligé de vendre au pire moment.
Tu regardes honnêtement comment toi, tu vis la volatilité, et ce que ta vie réelle te permet comme marge d’erreur.
Tu arrêtes de faire comme si tout ton patrimoine pouvait se permettre de vivre au même niveau de danger, tu construis ta pyramide : une base pour tenir, un milieu pour faire grossir le patrimoine, et un sommet pour les paris plus offensifs, dont la crypto fait clairement partie.

Ensuite, tu casses l’illusion de la “fausse diversification”.
Tu acceptes que dix, vingt lignes ultra corrélées, ce n’est pas de la sécurité, c’est juste une façon plus compliquée d’être all-in sur la même histoire.
Tu cherches de vrais moteurs différents, tu organises ton portefeuille pour qu’il ne dépende pas d’un seul narratif, d’un seul actif, d’un seul type de marché.

Puis tu redescends au niveau très concret des gestes du quotidien : comment tu tailles tes positions, où tu mets la limite au-delà de laquelle tu acceptes que tu t’es trompé, comment tu réalignes ton portefeuille quand certains actifs ont explosé à la hausse, comment tu gères ton exposition globale selon que tu es dans une phase “risk on” ou “risk off”.
Tu arrêtes de laisser tout ça flou dans ta tête, tu le formalises quelque part, tu t’appuies sur des outils qui t’aident à voir clair, comme Exceefy, au lieu de vivre en permanence dans une impression vague de “ça doit aller”.

Et surtout, tu changes de posture par rapport à tes propres décisions.
Au lieu de fonctionner avec un scénario unique (“j’achète ici, ça monte, je vends là”), tu acceptes l’idée que plusieurs chemins sont possibles.
Tu te demandes à l’avance ce que tu feras si ça se passe très bien, si ça ne décolle pas, ou si ça part franchement contre toi.
Tu ne peux pas prévoir le futur, mais tu peux prévoir ta réaction au futur.
C’est déjà énorme.

Au fond, la gestion du risque, c’est ce qui te permet de rester encore là au prochain cycle.
Les marchés récompensent rarement le plus brillant sur six mois.
Ils récompensent celui qui est encore vivant dans cinq, dix, quinze ans. Celui qui a fait des erreurs, parfois des grosses, mais jamais des erreurs terminales. Celui qui a accepté d’avoir tort souvent, mais qui a toujours protégé suffisamment de capital – et de santé mentale – pour pouvoir rejouer après.

Ce n’est pas très sexy, ça ne fait pas de grande histoire à raconter sur X, et ça ne donne pas des screenshots impressionnants.
Mais c’est ça qui fait la différence entre un parcours où tu accumules des briques de patrimoine, et un parcours où tu passes ton temps à reconstruire sur les ruines du cycle précédent.

La question que tu peux garder avec toi, à la fin de cet article, elle tient en une phrase :

“Si j’ai tort sur ce que je crois aujourd’hui, est-ce que mon capital, ma vie et ma tête peuvent encaisser et continuer ?”

Si la réponse est oui, tu es sur le bon chemin.
Les opportunités, les bons cycles, les moments de grâce finiront toujours par se présenter.
Encore faut-il être encore là quand ça arrive.

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